Réseaux sociaux : pourquoi les gens cliquent sur “intéressé” sans jamais participer ?
- Jean-Didier Rosi
- 13 nov.
- 6 min de lecture

Partage d'expérience
Tout comme moi, vous avez peut-être déjà vécu cette expérience :
Vous organisez un atelier, une conférence, un concert ou un webinaire. Vous travaillez de longues heures, vous préparez un visuel inspirant, vous choisissez vos mots avec soin, vous planifiez votre publication sur les réseaux sociaux… et là, miracle : en quelques jours, les notifications s’emballent. 118 “likes”, 72 personnes “intéressées”. 15 “partages”. Vous ressentez un boost de motivation même si vous commencez à stresser un peu et à vérifier s’il y aura assez de chaises car d'ici le jour J, il y aura certainement encore beaucoup de nouvelles réactions positives.
Arrive le grand jour. Vous installez la salle, vous disposez les documents, vous respirez un bon coup ou faites une courte méditation avant le grand moment. Et quand vous entrez dans la salle… silence ! Trois participants dont un ami, un curieux et une personne qui s’est trompée de soirée.
Vous souriez, bien sûr. Professionnel(le) jusqu'au bout des ongles. Vous adoptez la positive attitude mais intérieurement, une question vous taraude :“Pourquoi diable les internautes cliquent-ils sur ‘intéressé’ s’ils ne participent jamais ?” si tant est qu'ils aient jamais eu l'intention de participer à votre évènement. En quelques secondes, toute une série de questions vient inonder votre esprit : “Mon sujet est-il peu intéressant ?”, “L'endroit est-il mal choisi ?”, “La période est-elle défavorable ?”, “Mon prix est-il trop élevé ?” ...
Et si ce n’était pas vous le problème ?
Et si, derrière ce petit clic virtuel, se cachait tout un monde de psychologie, d’habitudes sociales et d’algorithmes bien huilés ?
I. Le mirage du “clic facile”
Comprendre la psychologie derrière le clic “intéressé”
Le bouton “intéressé” est le nouveau “j’y penserai” de notre époque. Une façon polie — et un peu fuyante peut-être — de participer sans s’impliquer. Ce simple geste déclenche dans le cerveau une mini-récompense dopaminique 🍭: la même que lorsque vous cochez une tâche sur votre to-do list… sans l’avoir réellement accomplie.
Le cerveau adore cette illusion d’action. Il vous murmure : “C’est bon, tu t'es engagé(e) donc tu peux passer à autre chose.” Résultat : plus besoin d’aller à l’événement pour se sentir concerné.
Le clic “intéressé” offre aussi une illusion d’appartenance. En un instant, on s’associe à une cause, un style de vie, une communauté. On affiche son bon goût, sa curiosité, sa bienveillance — sans bouger du canapé. À 18h30, Marie scrolle sur FB. Elle clique sur votre atelier de méditation 🧘, puis sur un concert de mantras tibétains, un séminaire sur la pleine conscience… et à 19 h, elle se branche sur Netflix, se verse un verre de vin 🍷 et se dit qu’elle a vraiment eu une soirée spirituelle 🤯.
II. Les algorithmes, rois du faux engagement
Comment les réseaux sociaux entretiennent-ils le mythe de la popularité ?
Soyons honnêtes : les réseaux adorent les “intéressés”. Pour Facebook, LinkedIn ou Instagram, chaque clic est une preuve de vie numérique. Un signal positif pour l’algorithme : “Cet événement suscite de l’intérêt, montrons-le à davantage d’utilisateurs !”
Sauf que ce n’est pas un engagement réel mais seulement un réflexe encouragé.
Le bouton “intéressé” n’a pas été conçu pour remplir votre salle, mais pour remplir le temps d’écran des utilisateurs. C’est un leurre social, une caresse à l’ego numérique.
Et vous, derrière votre écran, vous contemplez cette marée de “fantômes enthousiastes”. Vous vous sentez validé, visible, populaire même…Jusqu’au jour J, quand vous réalisez que l’algorithme vous a surtout offert un mirage.
Petite statistique pour replacer les choses :👉 Moins de 10 % des personnes “intéressées” à un événement Facebook finissent réellement par y participer. Et lorsque la météo se gâte, ce chiffre peut tomber à 4 %.
III. Le syndrome du “je verrai bien”
Quand la peur de s’engager bloque le passage à l’action
C’est le mal du siècle : l’engagement flou. Nous vivons dans une société du “peut-être”, du “on verra”, du “je vous confirme demain”. Le clic “intéressé” est devenu le symbole parfait du fameux FOMO — Fear Of Missing Out : la peur de s’engager dans une activité et de rater une meilleure option. Alors, on clique, on garde le lien, mais on ne choisi pas.
Et puis, il y a son cousin plus discret : le FOJI — Fear Of Joining In. La peur de participer, d’être jugé, de ne connaître personne ou de se sentir “à côté”. Le clic devient alors un compromis confortable : on manifeste notre intérêt sans risquer l’inconfort.
Trop de choix, trop d’invitations, trop d’informations… Le cerveau sature. Et lorsqu’il doit choisir entre sortir de chez soi ou scroller encore un peu, c’est généralement le canapé qui gagne.
IV. Les émotions cachées derrière le clic
Entre bonne intention, culpabilité et désengagement émotionnel
Ne vous y trompez pas : la plupart des personnes qui se déclarent “intéressé” ne veulent pas vous manquer de respect. Ils cliquent avec sincérité C’est leur façon de dire : “Ce que vous proposez est vraiment chouette... mais la vie, les enfants, le travail, la fatigue… en décident autrement.
Certains cliquent pour vous soutenir symboliquement. Ils aiment votre publication, la commentent, la partagent — sans pour autant se déplacer. Leur clic est une forme de “like solidaire”.
Et puis, il y a les collectionneurs : ceux qui cliquent sur tout, par habitude ou pour nourrir une image d’eux-mêmes — cultivée, engagée, ouverte. Mais au fond, ce n’est que du vent. De la dopamine sociale, éphémère et sans lendemain.
Et vous, pendant ce temps, vous ressentez une micro-trahison numérique. Un mélange d’incompréhension, de déception, de frustration et parfois même de remise en question. Vous vous êtes investi physiquement, intellectuellement et émotionnellement… Eux, non !
V. Comment réagir sans perdre votre énergie
5 stratégies pour transformer la déception en force
Changez vos indicateurs de succès : Ne mesurez plus la réussite à la quantité de clics, mais à la qualité des présences. Dix personnes réellement investies valent mieux que cent curieux volatiles.
Entretenez votre communauté entre les événements : Publiez du contenu qui parle, pas qui vend. Créez une relation avant la transaction : un lien authentique survit aux algorithmes.
Simplifiez le passage à l’action : Moins de clics, plus de clarté : un lien direct vers l’inscription, un rappel personnalisé, un message chaleureux la veille.
Travaillez votre storytelling : Ne vendez pas un atelier ou une conférence. Racontez une expérience. Mettez en avant l’émotion, la transformation, l’humain derrière votre proposition. Les gens se déplacent pour ressentir, pas pour assister.
Acceptez la réalité numérique : 80 % regarderont sans bouger. Ce n’est pas un rejet : c’est la règle du jeu. Ici aussi la célèbre Loi de Pareto (loi des 80/20) trouve à s'appliquer. Concentrez votre énergie sur les 20 % qui s'engageront — et reviendront.
VI. Transformer la frustration en apprentissage
Ce que le “clic fantôme” vous apprend sur votre communication
Chaque “intéressé” est une graine plantée. Même s’il ne vient pas, il vous a vu, lu, enregistré quelque part dans sa mémoire émotionnelle. Peut-être reviendra-t-il dans trois mois, pour une autre offre, à un autre moment.
Analysez vos publications :Quels mots ont suscité le plus d’intérêt ? Quelle image a touché ? Quel horaire a fonctionné ? Le “non” apparent d’aujourd’hui est souvent un “pas encore”. Et si vous écoutez bien, les clics fantômes vous murmurent déjà ce que votre audience attend de vous.
Et puis, il y a un apprentissage plus profond :Apprendre à ne pas tout prendre personnellement. Les autres ne vous rejettent pas : ils jonglent simplement avec leur propre chaos. Et si l’on est honnête, il nous arrive à tous d’en faire autant.
Conclusion : du virtuel au réel
Comment retrouver du sens et du plaisir dans votre communication
Oui, les “intéressés” qui ne viennent pas, ça pique. Mais au fond, ce n’est qu’un reflet de notre époque : connectée, curieuse… et terriblement distraite. Plutôt que de courir après des fantômes numériques, choisissez de nourrir les vrais liens, de parler vrai, d’être présent, d’incarner ce que vous transmettez. Parce qu’au bout du compte, la seule interaction qui a vraiment de la valeur, c’est celle où une personne vous regarde dans les yeux et dit :« Merci, votre atelier (conférence) m’a fait du bien. »
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Vous en avez assez de ressentir de la frustration, de la colère ou de l'incompréhension pace que vos évènements n'attirent que des "intéressé(e)s" ?
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Jean-Didier Rosi
Coach et thérapeute



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